Handicap : 20 ans après, le compte n’y est pas — UNSA 3S

Handicap : 20 ans après, le compte n’y est pas

Le 11 février 2005, la promulgation de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées promettait une société plus inclusive. Pourtant, 20 ans plus tard, les annonces du gouvernement sont loin d’être à la hauteur des enjeux. L’UNSA déplore le manque d’action et d’ambition des pouvoirs publics et appelle à un sursaut politique pour mettre fin à l’exclusion, la discrimination et la marginalisation des personnes en situation de handicap.

Si la loi du 11 février 2005 a permis certaines avancées, de nombreuses
promesses n'ont pas été tenues. L'UNSA constate avec regret que les
pouvoirs publics semblent peu enclins à prendre des mesures correctives.
Cet immobilisme pénalise une partie de la population, perpétuant des
situations flagrantes d'exclusion et d'inégalités.

Si ces derniers jours ont permis quelques annonces - telles que la prise
en charge à 100 % de l'achat d'un fauteuil roulant par exemple -, ces
initiatives restent insuffisantes pour combler le retard.

Les personnes handicapées rencontrent certes des difficultés pour
accéder à l’emploi mais les obstacles commencent dès le plus jeune âge.
Ainsi l’UNSA réclame un droit effectif d’accès à l’école, de la
maternelle jusqu’aux études supérieures. Rendre l’école accessible,
c’est aussi assurer l’accessibilité à l’enseignement. Cela suppose des
mesures fortes concernant le bâti mais également la généralisation des
dispositifs destinés à accompagner les élèves (matériel pédagogique et
contenus adaptés à tous les types de handicaps). Pour l’UNSA, il s’agit
d’un enjeu majeur. L’accès à un enseignement de qualité permettrait en
effet de réduire les inégalités.

L'inclusion professionnelle passe aussi par un accès à un logement digne
et adapté. A ce titre, l'UNSA appelle à un retour aux dispositions
initiales de la loi de 2005, qui prévoyait que 100 % des nouvelles
constructions soient accessibles, avec des sanctions financières en cas
de non-respect. De même, la mobilité est un droit fondamental : les
transports doivent être adaptés et inclusifs sur l'ensemble du territoire.

Sur le front de l'emploi, l'UNSA déplore un taux de chômage toujours
plus élevé pour les personnes handicapées (12 % contre 7 % pour les
travailleurs valides). Elle regrette le manque d'engagement de certains
employeurs dans le respect de l'obligation d'emploi des travailleurs
handicapés (OETH de 6 %), en vigueur depuis 1987. Par ailleurs, la
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles,
qui sont à l'origine de nombreux handicaps, reste insuffisante. L'UNSA
reconnaît cependant qu’il existe des difficultés réelles comme la
complexité administrative des dossiers. Ces difficultés ne peuvent
cependant tout expliquer.

Face à ces constats, l'UNSA demande aux pouvoirs publics de mener une
évaluation globale de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés,
d'identifier les freins à leur embauche et de prendre des mesures
efficaces pour y remédier. Notre organisation syndicale est prête à
s'engager pleinement dans cette démarche.

Enfin, l'UNSA réaffirme son attachement à une société adaptée à chacun.
Elle plaide pour des mesures favorisant le droit commun plutôt que des
solutions spécifiques. L'inclusion en milieu ordinaire doit être
préférée chaque fois que possible, tout en s'appuyant sur la
complémentarité du secteur médico-social. Ces conditions sont
essentielles pour que les personnes en situation de handicap trouvent
enfin leur place dans la société comme dans le monde du travail.

Laurent Escure, Secrétaire général